Alors que le contexte géopolitique – avec l'inflation des matières premières et l'envolée des coûts des énergies – met à mal la pérennité économique de beaucoup de modèles agricoles et remet en question la souveraineté alimentaire, les frères Clément – producteurs de tomates sous abri à Raphèle-les-Arles – s'efforcent, comme beaucoup d'agriculteurs français, de répondre à tous ces enjeux. Tout en développant une production qualitative.

Avec son frère Davy, Vincent produit sur sept hectares de la tomate sous abri. Les deux serristes font partie d'une coopérative de producteurs, l'OP ‘Pardi', membre du groupe Rougeline. Ce dernier rassemble des petits producteurs locaux situés sur le bassin méditerranéen, en Provence et dans le Roussillon, mais aussi en Nouvelle-Aquitaine. Les frères Clément produisent environ 800 tonnes de tomates cerise mélangées et font partie des principaux producteurs du groupe sur le segment : en effet, Rougeline en produit au total environ 3 500 t, dont 2 000 t en ‘Zéro résidu de pesticides'.

La tomate cerise mélangée ‘Zéro résidu de pesticides' est l'une des productions principales des frères Clément. "Il s'agit d'une sélection de variétés avec des atouts gustatifs complémentaires, qui présentent aussi des textures variées. C'est un mélange de variétés très sucrées, avec les tomates de couleurs ivoire et orange d'un côté, et des tomates cerise rouges un peu plus équilibrées, entre acides et sucres. Il y a aussi les noires un peu plus acides. L'intérêt de ce mélange en barquette est qu'il y en a pour tous les goûts", commente Vincent Clément.

Une garantie de résultat

La spécificité de ce produit – outre qu'il est local – est qu'il s'appuie aussi sur un savoir-faire à la pointe. "Le schéma de culture d'une tomate cerise rouge ou jaune tient sa particularité de ce label. Nous garantissons en effet un produit sans aucun pesticide d'origine végétale ou d'origine de synthèse", indique Vincent Clément.

En 2017, le groupe Rougeline – déjà investi dans la lutte biologique depuis une vingtaine d'années – a cherché à communiquer le plus efficacement possible sur l'évolution de ses pratiques, en trouvant les mots justes pour redonner confiance au consommateur. Le challenge était de taille. Mais la gamme ‘Zéro résidu de pesticides' – qui propose un engagement de résultat sur un produit fini – fonctionne très bien.

"La démarche de Rougeline est très concluante auprès des consommateurs et de la grande distribution, qui réagissent positivement à la communication du groupe. Le logo sur le produit communique sur un résultat attendu. Mieux, il est immédiatement compris par le consommateur et donne lieu à des réflexes d'achat", rapporte Vincent Clément.

Pour produire des tomates gustatives et garanties sans pesticide, le producteur emploie différents moyens. Il utilise notamment une serre ultra-moderne permettant de filtrer l'air pénétrant dans la serre, de la garder en surpression pour éviter que les insectes ne rentrent dans celle-ci. Cet outil, très étanche aux ravageurs, est la serre semi-fermée.

Une atmosphère maîtrisée

La ventilation de cette serre ne se fait plus naturellement par des ouvrants, mais bien de manière mécanique. L'air extérieur qui pénètre dans la serre est donc finement filtré. Dans la serre semi-fermée des frères Clément, l'entrée d'air dynamique est totalement maîtrisée. L'air pulsé par les ventilateurs est acheminé par des gaines le long de chaque rang de tomates. Par rapport au schéma de serre traditionnel, ce concept de serre garantit une gestion et un recyclage des déchets de l'activité, qu'il s'agisse des supports de culture, des excès de drainage et du compostage des déchets verts.

Par rapport à la conception classique, il n'y a plus d'ouverture pour renouveler l'air susceptible de laisser rentrer des nuisibles et insectes, porteurs de maladie. Les résultats de cette approche de la protection des cultures sont fièrement affichés aujourd'hui chez Rougeline. Mais les avantages de cet outil de production sous abri nouvelle génération ne concernent pas que la protection sanitaire optimisée des cultures.

L'enjeu de la consommation énergétique

"Nous ne produisons pas un produit de niche, car nous devons rester accessibles pour la plupart des consommateurs. Cela implique de maîtriser les coûts de chauffage de nos outils, en intégrant l'énergie que l'on utilise pour le chauffage dans nos bilans carbone", ajoute Vincent Clément.

La démarche globale dans laquelle le producteur est engagé vise à certes valoriser la production, mais avant tout à anticiper et répondre aux exigences environnementales et sociétales de la production agricole. Car dans le contexte géopolitique actuel, la sécurisation de l'activité économique est aujourd'hui plus que jamais conditionnée par la maîtrise de la consommation énergétique.

Pour réduire au mieux les factures, le producteur utilise trois types de chauffage : "D'une part, le chauffage au bois, par le biais d'une chaudière biomasse qui compte pour la moitié des sources énergétiques utilisées. Pour l'autre moitié, nous utilisons aussi un chauffage par cogénération, qui permet de récupérer la chaleur et le CO2 pour l'utiliser dans les serres", explique Vincent Clément. Quant à la chaudière classique au gaz dont les serres des Clément sont équipées, ce n'est aujourd'hui plus qu'un moyen de chauffage conservé et utilisé en secours seulement. 

INFOS pratiques

Réseau de distribution : la tomate cerise mélangée produite par les frères Clément est à plus de 90 % commercialisée dans le réseau GMS

Prix moyen : le prix moyen constaté d'une barquette de 250 grammes est de 3 € TTC.