PACA 04/11/2022
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Oléiculture

Repérer, traiter et s'adapter face aux maladies

De plus en plus problématiques, les maladies du feuillage s'immiscent dans les vergers, provoquant une défoliation importante et un impact sur la récolte qui l'est tout autant. France Olive fait le point pour apprendre à mieux connaître ces fléaux des oliveraies.

Que ce soit pour l'œil de paon ou la cercosporiose, les dégâts sont croissants ces dernières années dans les oliveraies.

© Crédit photo : DR

Et si les oléiculteurs pouvaient disposer d'une session informative sur les maladies du feuillage présentes dans leurs vergers ? C'est ce que proposait France Olive en dispensant un webinaire1, début septembre. Cap sur deux maladies fongiques : l'œil de paon et la cercosporiose. "Ces maladies provoquent des dégâts importants et sont de plus en plus problématiques. Dans les deux cas, il y a une grosse défoliation qui finit par impacter la récolte", affirme Julien Balajas, responsable du pôle 'Agronomie' de France Olive. D'autant que leur évolution s'inscrit dans un contexte de réduction de la liste des produits homologués et des doses de cuivre autorisées en Europe, depuis le 1er janvier 2019.

Arnaud Zicot, responsable d'expérimentation du syndicat, rappelle les bases : "L'œil de paon est une maladie fongique plus connue sous le nom de tavelure de l'olivier". Caractérisée par des taches circulaires sur les feuilles, l'évolution de la maladie se voit selon la forme et la couleur des marques, qui peuvent parfois se retrouver sur le fruit. "La cercosporiose est connue comme la maladie du plomb. On assiste au développement d'un feutrage gris noirâtre, sur la face inférieure des feuilles, et jaune, de l'autre côté", poursuit-il. Deux maladies à ne pas confondre avec des carences en bore, potasse ou magnésium évidemment.

Pour mieux comprendre le développement de ces maladies, France Olive a déployé un réseau d'observation qui couvre une vingtaine de parcelles. L'objectif est ici de suivre et d'analyser la dynamique selon les territoires, et de publier ensuite les résultats. Ces derniers ne sont pas encore assez nombreux, mais laissent entrevoir des perspectives, assurent les techniciens du syndicat.

Suivre le cycle et anticiper le développement des maladies

Que ce soit pour l'œil de paon ou la cercosporiose, le champignon entraînera une défoliation de plus en plus importante. "Sans feuille, il n'y a pas de photosynthèse, ou beaucoup moins en tout cas. Cela entraîne une réduction de la croissance végétative, un affaiblissement de l'arbre et donc, une baisse générale de la production", épluche Arnaud Zicot. Pour éviter d'en arriver là, il conseille de s'intéresser aux cycles biologique et épidémiologique des maladies. Le spécialiste décline les différentes étapes de ces dernières : "La contamination est la germination des spores la maladie de l'œil de paon". Celle-ci va arriver sur la feuille, à l'automne ou au printemps, lorsque la pluie intervient ou que l'hygrométrie dépasse 80 % pendant plus de six heures, et que la température se situe entre 8 et 24°C. "Ces conditions favorisent la germination des spores qui vont entrer à l'intérieur de la feuille. Dans un second temps, une période d'incubation intervient durant laquelle les symptômes ne sont pas visibles", continue-t-il. La durée de l'incubation peut varier de façon très importante selon la température extérieure.

Un modèle mathématique de prédiction de l'émergence de symptômes de l'œil de paon a été créé par la Draaf Paca, afin de repérer les épisodes potentiellement contaminants. France Olive travaille conjointement avec le Criiam Sud pour son développement.

La maladie reste toutefois détectable avec un test soude, que France Olive préconise de réaliser fin août afin de connaître l'inoculum avant la saison2.

"Dans les deux cas, avec ces maladies, il y a une grosse défoliation qui finit par impacter la récolte."

Pour la cercosporiose, "l'infection se déroule sur les feuilles âgées de moins d'un an", poursuit le responsable d'expérimentation. La majorité des symptômes sont quant à eux visibles, généralement sur des feuilles âgées de plus d'un an même si, depuis cette année, France Olive a pu observer des symptômes sur des feuilles plus jeunes. La durée d'incubation semble être supérieure à une année, "ce qui complique la compréhension de ce champignon". Les périodes de contamination les plus probables étaient jusqu'ici octobre et le printemps, mais Arnaud Zicot remet en question de ce point. Il s'interroge également sur le rôle des feuilles tombées une fois sur le sol. Il faudrait sans doute s'inspirer des travaux de retrait des feuilles de pommier tombées en sol, car les travaux de SudExpé ont montré que c'était là une base forte d'inoculum tavelure.

Plusieurs méthodes de luttes autorisées

Rappelées dans les Cahiers de l'oléiculteur, le Bulletin de santé du végétal ou encore dans l'InfOlive, les méthodes de lutte autorisées sont diverses, mais à suivre à la lettre. Avant d'envisager les traitements, Arnaud Zicot souligne que "la prophylaxie reste évidemment la première étape d'une bonne gestion des maladies" : choix des variétés, distance de plantation, taille, aération du verger, fertilisation et irrigation sont autant de points cruciaux à ne surtout pas négliger. Mais attention : "On ne peut agir et réagir qu'en suivant ce qui se passe dans les parcelles, en évaluant le risque, en regardant les inoculums latents", rappelle-t-il.

Concernant les traitements phytosanitaires, qui diffèrent selon la possession ou non du Certiphyto, "il n'y a pas que les produits, mais aussi la façon dont on les utilise qui est très importante. Une bonne application dépend du matériel approprié, bien entretenu et bien réglé". France Olive profite de ce webinaire pour faire intervenir plusieurs entreprises spécialisées dans la mise en marché de produits, dont le cuivre et des fongicides.

Mathilde Roger, cheffe de projet 'cultures spécialisées' chez Certis Europe, réalise un point sur le premier : "Au niveau des volumes utilisés sur toutes les cultures en France, le cuivre en agriculture biologique représente 35 %. Les 65 autres pourcents sont pour le conventionnel. Donc, le cuivre est vraiment utilisé par toutes les agricultures". Selon elle, la forme importe peu : le plus important réside dans la formulation, qui va jouer sur plusieurs aspects, notamment l'efficacité et le lessivage.

Pour l'œil de paon, l'application du cuivre doit se faire au moment de la contamination primaire, soit "avant une pluie ou une forte humidité". Une fois la maladie germée, le cuivre ne pourra empêcher la sporulation, d'où l'intérêt d'anticiper. Toutefois, une application sur la sporulation pourra tout de même empêcher la poursuite du développement de l'épidémie. "Ce n'est pas du tout le positionnement principal et optimal, c'est vraiment en rattrapage", ajoute-t-elle. Sur les bactérioses, le cuivre sera cette fois appliqué après l'événement traumatisant (taille, pluie, gel ou encore grêle).

Manuel Ramos, responsable du service d'Andermatt, est également venu présenter le biocontrôle Curatio®. Ce fongicide de contact très adhérent doit être positionné au plus proche des pluies. Il est autorisé en dérogation sur l'olivier depuis deux ans. Gilles Le Fur, son homologue chez BASF, mettait quant à lui en avant le Cabrio® Arbo, un fongicide à base de pyraclostrobine.

Les expérimentations se poursuivent

"Suite à 2019 et à cette restriction des usages des cuivres établit à 28 kilogrammes de cuivre métal par hectare sur sept ans - soit environ quatre kilos de cuivre métal par hectare et par an - nous avons mis en place des expérimentations au Centre technique de l'olivier", indique Arnaud Zicot.

L'objectif premier était de repérer des alternatives ou des complémentarités au traitement cuprique. Le dispositif expérimental a été conduit à la station du Mas d'Asport (30) de SudExpé, sur un verger en agriculture conventionnelle présentant une forte contamination par les deux maladies fongiques. Plusieurs essais ont été réalisés depuis 2020, en partenariat avec ActionPin, Vivagro ou encore Andermatt. En bilan, peu d'alternatives pures et dures ont été relevées, bien que des tests soient encore en cours. Mais des complémentarités sont possibles, assure le responsable d'expérimentation de France Olive.

D'autres essais ont été menés sur le fractionnement des doses d'application de bouillie bordelaise. En 2021, le centre technique du syndicat s'essayait à trois possibilités : deux pleines doses de 10 kg/ha, quatre doses (soit une demi-dose à chaque application), ou huit doses (1/4 de dose par application). "En termes de résultats, nous n'avons pas trop de différences significatives entre les modalités. Mais nous avons remarqué, qu'en moyenne, il y avait des infestations moins facilement gérables avec seulement deux applications", rapporte Arnaud Zicot. Pour 2022, les tests sont donc menés en quatre ou huit doses uniquement. Pas de différences statistiquement significatives dans les conditions de l'essai non plus, mais les résultats sont encore préliminaires. "On serait tentés de dire que ce n'est pas utile de faire huit applications dans l'année, si quatre peuvent suffire", avance-t-il tout de même.

Quoi qu'il en soit, les expérimentations se poursuivent chez France Olive, afin d'accompagner le plus efficacement possible les oléiculteurs dans leurs stratégies de traitement, et ainsi de s'adapter au mieux aux réglementations. 

Manon Lallemand •

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