PACA 16/09/2022
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Méthanisation agricole

"Le développement des projets pourrait être accéléré"

Les atouts du territoire régional, son potentiel de biomasse agricole et le contexte énergétique global plaident en faveur d'un développement de la production du 'gaz vert'.

En région Paca, les quelques sites de biométhane raccordés au réseau de distribution ne s'appuient pas encore sur des intrants ou des déchets agricoles.

© Crédit photo : GRT Gaz

Même si les projets ne manquent pas, aucune unité de méthanisation agricole n'est à l'heure actuelle en service en région Sud Paca. Les seuls dispositifs raccordés au réseau dans les territoires sont liés à la valorisation des boues des stations d'épuration. Pourtant, l'implantation d'unités de méthanisation sur la région intéresse bien le monde agricole, dans la mesure où la méthanisation est source de valorisation de la matière organique. Comme l'explique Cédric Jolivet, chargé d'accompagner le développement des projets de méthanisation sur le territoire de la région Paca pour GRDF, "plusieurs projets sont en réflexion ou en cours de développement, et le département des Bouches-du-Rhône est le plus dynamique et en particulier les deux zones agricoles autour d'Arles et d'Aix".

Dans ces secteurs, l'agriculture offre beaucoup de matières organiques et des intrants à valoriser, avec un gisement assez large. La région se différencie du territoire national dans le sens où les effluents et les résidus de production de l'élevage sont très différents, avec majoritairement du fumier équin. La filière des fruits et légumes est aussi très intéressante en termes d'intrants dans ce territoire.

Intérêt des CIV

Il est difficile d'établir pourtant des généralités sur les cultures encouragées par GRDF pour initier des projets. Le territoire doit être d'abord cartographié, pour évaluer tous les intrants mobilisables. Tous les projets qui émergent sur le territoire passent, tôt ou tard, entre les mains du responsable de GRDF. Le distributeur est chargé d'évaluer la qualité du gaz et sa conformité, avant d'envisager un raccordement au réseau de distribution pour ensuite être utilisé par les différents usages : la mobilité, l'eau chaude sanitaire, la cuisson et le chauffage.

Cédric Jolivet est aussi animateur de Métha'Synergie, un consortium créé en 2018 dans la région, dont le but est d'innover, de créer du lien et de développer la filière, en accompagnant les porteurs de projet de méthanisation. "Sur la zone d'Aix-en-Provence, nous accompagnons par exemple un projet du côté de Cabriès, pour valoriser du fumier équin sur la commune, et un second sur le secteur de la Sainte-Victoire, pour valoriser les effluents de cave et autres intrants agricoles", rapporte Cédric Jolivet. Dans la zone d'Arles et en Camargue, GRDF suit par exemple trois projets agricoles autour de la méthanisation.

Le territoire est remarquable avec la paille de riz valorisable, mais aussi via les Cultures intermédiaires à vocation énergétiques, les fameuses CIV implantées entre deux cultures principales : ces CIV occupent tout à la fois le sol, limitent les lessivages et l'érosion des sols, mais permettant aussi d'augmenter le stockage du carbone dans le sol et de préserver la biodiversité.

Les intercultures dans le viseur en Camargue

GRDF a conduit - avec plusieurs partenaires - des expérimentations récentes en Camargue qui montrent que des cultures de sorgho permettent de produire des très beaux rendements, de l'ordre de 17 tonnes de matière sèche par hectare. Les CIV sont intéressantes dans la mesure où elles n'entrent pas en concurrence avec des cultures principales, ne sont destinées ni à l'alimentation humaine ni à l'alimentation animale, et génèrent un très fort pouvoir énergétique. "C'est un exemple de matière organique que l'on pourrait faire pousser sur le territoire fertile de la Camargue, qui bénéficie d'une irrigation. En utilisant le potentiel des territoires, nous avons - avec ces CIV - un gisement considérable à portée de main. Autant utiliser le sol de la meilleure des manières", commente Cédric Jolivet.

Quand un agriculteur souhaite monter un projet de méthanisation agricole, sa première motivation n'est celle des revenus liés à la vente de gaz vert, mais bien la production d'un fertilisant naturel. C'est le premier produit de la méthanisation. Avec les CIV, il y a donc un triple intérêt, celui de produire de la matière sèche pour alimenter une unité, mais aussi agronomique et économique. "10 000 tonnes d'intrant produisent environ 9 000 tonnes de digestat. Ce sont les réduits organiques obtenus après digestion de la matière introduite dans le méthaniseur. Ils contiennent de l'azote, du potassium et du phosphore sous forme minéralisée. C'est ce digestat qui est valorisé par épandage. Et quand on voit aussi les cours de l'énergie, l'auto-production d'un amendement organique est une belle opportunité", commente le chef de projet chez GRDF.

Au 1er janvier 2024, les collectivités vont devoir mettre en place des solutions pour le tri à la source des biodéchets.

Monter un projet de méthanisation agricole est assurément une solution pour avoir un coût constant sur son engrais, et pour maîtriser ses intrants sans dépendre des cours de l'énergie. Compte tenu du contexte énergétique actuel, on observe d'ailleurs, ces derniers mois, un intérêt grandissant vers ce type de projet chez les agriculteurs d'après GRDF.

De leur côté, les revenus pour l'agriculteur - liés à la vente du gaz - constituent également une rémunération complémentaire et stable dans le temps, puisque l'État garantit les tarifs sur 15 ans.

Le coût de l'installation d'un digesteur de méthanisation agricole est estimé entre 3 à 5 millions d'euros (M€. Un investissement qui peut générer, avec la vente du gaz, environ 1 M€/an de revenus. Les charges d'exploitation représentent, quant à elles, la moitié, soit 500 000 €.

Des décisions aussi politiques

Dans les Bouches-du-Rhône on estime à environ 350 000 t brutes la production de fumiers équins. Sur ce territoire, on pourrait mobiliser d'importants gisements valorisables. Mais comme toute production d'énergie renouvelable, la décision d'autoriser ou non d'exploiter un projet de méthanisation agricole appartient au préfet. Et sur le terrain, les vœux pieux en faveur de la méthanisation agricole ne se traduisent cependant pas encore par l'émergence réelle des projets.

Il y aurait donc aujourd'hui besoin d'une prise de conscience générale. "GRDF travaille sur le sujet depuis une dizaine d'années, et quand on observe le paysage énergétique actuel, on s'aperçoit aujourd'hui que nous sommes dos au mur. Le développement des projets de méthanisation agricole pourrait être accéléré. Tout le rôle de GRDF consiste à fédérer une filière, favoriser l'émergence des projets et participer à faire évoluer la législation dans ce sens. Ce qui manque actuellement c'est surtout la communication sur la méthanisation auprès du grand public, pour répondre aux a priori. Le grand public ignore que l'on est en capacité de couvrir l'intégralité des besoins énergétiques de la France en gaz renouvelable à l'horizon 2050", rapporte Cédric Jolivet.

Des projets de territoires

Dans les faits, c'est souvent l'acceptabilité locale qui bloque les projets à l'heure actuelle. Et GRDF compte beaucoup sur les élus locaux pour faire aboutir des projets. D'autant qu'il s'agit majoritairement de vrais projets de territoire. "Au plan environnemental d'abord, puisqu'ils valorisent les déchets locaux, produisent du gaz renouvelable et permettent d'apporter un revenu complémentaire aux agriculteurs. Ils sont aussi créateurs d'emplois locaux non délocalisables. Au final des projets vertueux qui cochent toutes les cases", conclut Cédric Jolivet. Mais la donne pourrait changer rapidement. Au 1er janvier 2024, les collectivités vont devoir mettre en place des solutions pour le tri à la source des biodéchets. Une source très conséquente de gisement pour créer du 'gaz vert'.

Emmanuel Delarue •

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